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Les chroniques du vinyle volant
14 janvier 2011

The Zombies - Odessey & Oracles

Je laisse la parole à Camol, notre spécialiste 60's et 70's, pour un billet sur les Zombies ;)
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Imaginez vous, un après-midi d'été, un lendemain de soirée si particulier, dans le sens que la veille, toute la nuit, vous avez dansé sur des rythmes effrénés, vous avez évacué toutes vos émotions, et voilà que se lève le jour, ne vous laissant qu'un corps fatigué et un esprit embrumé. Alors par une matinée qui n'est autre que la promesse d'une journée radieuse, vous prenez difficilement la route, vos pensées sont éparses, vous ne pouvez faire aucun effort de concentration, vous vous contentez de marcher. Une idée jaillit alors : quel son pourrait m'accompagner ? Le temps d'évaluer la question et vous voilà enfin à bon port, prêt à vous détendre, à vous restaurer. Vous posez un dernier coup d'oeil sur la platine et c'est avec joie que vous découvrez la réponse à votre question.

Laissez moi vous racontez cet après-midi de juillet où je fis la découverte de l'ultime chef d'œuvre des Zombies, Odessey & Oracle.

Cet album, c'est avant tout une perle pop, certains le considérant même (et à juste titre) comme le Pet Sounds anglais. C'est aussi la démonstration d'une réelle dévotion à l'art que produisent ses musiciens. Comment ne pas être tout de suite sous le charme de la voix de Colin Blunstone ou des claviers de Rod Argent. Car cet album est avant tout un étrange coup du destin.

Les Zombies sont les premiers à enregistrer dans le mythique "Studio Two" d'Abbey Road, avec en prime Geoff Emerick. Traduction ? Le même studio et le même ingé son qui produisirent Sergent Pepper, le tour de force des quatre garçons dans le vent.

On peut même dire jamais deux sans trois, puisque les Pink Floyd y enregistrèrent un an plus tôt un album majeur, The Piper At The Gates Down. Toutefois, à l'inverse de leurs illustres compères, les Zombies ne bénéficient pas du même budget. De plus, le groupe étant en manque d'un succès stabilisateur, l'album est enregistré dans l'urgence. Enregistré en 1967 et sorti en 1968, il se situe à une époque essentielle dans l'histoire du rock, avec l'avènement de poids lourds tels que les Doors, Hendrix et consorts.

Quelques précisions sur les trois titres qui m'ont le plus marqué :

Care of Cell 44 ouvre l'album sur une rythmique de clavecin (jouée au Mellotron par Rod Argent), suivie de près par l'incroyable voix de Colin Blunstone et la ligne de basse galopante de Chris White. Le morceau est une exemple type du génie des Zombies : savant mélange d'orchestration baroque et d'harmonies vocales complexes, le tout construisant ce morceau débordant d'une énergie et d'un bonheur communicatifs.

Maybe After He's Gone est LA chanson pop par excellence : relation amoureuse difficile, espoirs adolescents, arpèges de guitare, batterie cavalante et basse lui emboitant le pas. Encore une fois, les voix à l'unisson se chargent d'inscrire l'émotion en nous.

This Will Be Our Year, certainement mon morceau favori. Une bonne chanson d'amour comme aurait pu l'écrire Paul McCartney, porté principalement par une piano jazzy (Ray Charles aurait joyeusement secoué la tête à son écoute) et par la voix de Blunstone, très impressionnant sur ce morceau.

L'album navigue donc aisément dans cet esprit "pop-psychédélique-baroque", et les nouvelles possibilités techniques offertes par un studio en mutation, en particulier l'usage du Mellotron que l'on peut qualifier de premier synthétiseur, permettant d'apporter des arrangements de qualité comme aurait pu le faire un orchestre… pour un coût bien moindre !

Cet album sera "posthume", car le groupe se sépare avant sa sortie, lassé par le manque de succès. Sa sortie n'est d'ailleurs due qu'à l'insistance du génial Al Kooper (musicien de studio reconnu dans le milieu, notamment pour avoir participé, entre autre, à l'enregistrement de Like A Rolling Stone de Bob Dylan, mais aussi avec des pointures telles que BB.King, Cream, Jimi Hendrix ou encore les Who).

Les mélomanes de notre temps reconnaîtront cet album à sa juste valeur de pierre angulaire de la pop music, tandis que l'on peut s'étonner de ce coup du sort qui en fit un opus oublié par ses contemporains...

Pour tous ceux qui mettraient la main sur la réédition CD, les pistes 13 à 28 sont des morceaux bonus peu en rapport avec les titres de l'album original, pas indispensables à l'appréciation de ce dernier donc; l'excellence se clôturant avec Time Of The Season.

Un album, vous l'aurez compris, à se procurer de toute urgence et à ranger sur l'étagère à côté de ceux des Beach Boys et des Beatles.

Camol

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